Thomas Le Coz | 3 janvier 2020 | Digital Learning

Micro-learning : le futur de la formation?

Le micro-learning est une modalité de formation de plus en plus populaire aux promesses très intéressantes.

Quand on parle de formation à distance, on pense trop souvent aux LMS d’entreprise avec des cursus relativement longs, pour lesquels seront évalués les taux de participations et les scores sur des quiz finaux.

Cependant si on observe la façon dont un utilisateur se forme de lui même en utilisant les outils digitaux, son comportement et ses attentes sont très différentes.

En effet, son objectif est d’accéder rapidement à une solution applicable, un grain de connaissance rapidement mobilisable et transposable à la situation à laquelle il est confronté.

Technicien pouvant bénéficier du micro-learning

Un technicien cherchant à dépanner un terminal recherchera un contenu lui expliquant comment résoudre la panne à laquelle il est confronté — en utilisant comme indice le message d’erreur par exemple — plutôt que de subir une formation entière sur l’administration système et la gestion de terminaux.

Dans cet article, nous allons définir le micro-learning, ses avantages, ses inconvénients et vous présenter le processus de création de contenus micro-learning.

Micro-learning : définition

Le micro-learning est une modalité de formation à distance qui se caractérise par des modules très courts — nécessitant moins de 5 minutes pour les consommer.

Afin de créer des modules si courts mais au moins aussi efficaces qu’une formation traditionnelle, le micro-learning repose sur 4 grands principes :

  • Learner centric : le micro-learning place l’apprenant au centre, tout part de la volonté de l’apprenant à se former et obtenir la connaissance nécessaire pour répondre à un problème
  • Rapidité : l’accès à la connaissance doit se faire le plus rapidement possible.
  • À la demande : encore une fois, tout part de la nécessité d’accéder à une connaissance à un moment où celle-ci est nécessaire, il s’agit de “Learning On Demand”
  • Mobilité : le micro-learning est souvent associé aux supports mobiles. D’une part les modules courts sont souvent consultables confortablement sur un support mobile — avec un écran plus petit et une situation de lecture du contenu pas forcément dans des conditions idéales — mais surtout le besoin d’accès à la formation peut arriver à tout moment. Le mobile prend alors tout son sens puisqu’il permet d’accéder à l’information dans des situations où l’apprenant n’est pas forcément devant un poste de bureau, connecté à l’intranet et au LMS de l’entreprise.

En respectant ces principes, le micro-learning amène avec lui de nombreux avantages.

Les principaux avantages du micro-learning

Le principal avantage du micro-learning découle du fait que le micro-learning est learner centric. Puisque la principale préoccupation des programmes de micro-learning est de répondre à un besoin de l’apprenant et non de servir les outils de reporting ou de conformité, on observe un meilleur engagement et une plus faible résistance à l’apprentissage.

En effet, le micro-learning répond bien souvent à des situations de learning on demand : la formation est demandée par l’apprenant pour répondre à une situation particulière. L’utilisateur est par conséquent motivé à suivre le module dont il fait la demande.

Le format court du micro-learning rend les programmes bien souvent compatible avec le mobile learning : il est en effet simple et réaliste de lire des formats courts et condensés depuis un périphérique mobile. Cela permet une formation in situ et facilite l’accès à l’information.

Enfin, dans son livre 3-Minute E-Learning, Ray Jimenez avance que le micro-learning permet un temps de développement des programmes plus court de 30% et une réduction des coûts de production de plus de 50%.

Le format plus court et condensé permet de réduire la quantité de contenu à produire, illustrer et animer et réduit ainsi les temps et coûts de production.

Les défauts du micro-learning

Bien que le micro-learning apporte beaucoup de bénéfices quand on le compare aux modalités de formation plus traditionnelles, il ne représente pas pour autant une solution universelle.

En effet, pour des contenus techniques et complexes, parfois reposant sur un grand nombre de pré-requis, le micro-learning atteint vite ses limites.

Condenser des concepts complexes en moins de 5 minute risque de sacrifier beaucoup de clarté et de pédagogie.

D’autre part, si les concepts reposent sur un grand nombre de pré-requis, une formation plus traditionnelle, forçant quelque peu le parcours au sein du programme de formation permettra de s’assurer du bon ordre de lecture des pré-requis et concepts afin de maîtriser le nouvel élément de connaissance.

Enfin, créer des versions synthétiques et condensés de chaque élément peut faire exploser les coûts de production. Cela amène en effet beaucoup plus de friction dans la réalisation des contenus par les équipes pédagogiques.

Des compromis sont néanmoins possibles : afin de garder cette philosophie de rapidité d’accès à l’information clé, le développement d’une table des matières précise, permettant une navigation rapide peut améliorer grandement l’efficacité du programme.

Cela permet en effet à l’apprenant d’éviter de passer trop de temps sur des contenus facultatifs ou déjà maîtrisés et de raccourcir son temps de formation tout en augmentant son degré de contrôle sur son parcours — et donc par la même d’augmenter son engagement dans la formation.

Développer une formation micro-learning

Pour développer du contenu micro-learning, la clé est de garder en tête à tout moment que le micro-learning cherche à apporter le plus rapidement possible une solution à un problème.

Problème : je dois organiser un brainstorming
Recherche de l’apprenant : comment organiser un brainstorming
Solution : Organiser et animer un atelier de brainstorming en 4 étapes

La première étape de conception consiste à acquérir et organiser le savoir auprès des experts métiers.

Le travail de synthèse et de présentation de la formation revient alors à suivre les étapes suivantes :

  1. Présenter très rapidement les grands points et bénéfices qui seront apportés durant la formation micro-learning : cela permet à l’apprenant de savoir si la formation apportera une réponse à ses questions avant de s’engager dans le parcours
  2. Limiter la quantité de contenu : il doit pouvoir être consommé en moins de 5 minutes.
  3. Mettre en valeur les grands principes : cela permet de vite différencier les parties du contenu importantes, apportant des concepts clés, des exemples, ressources et éléments secondaires permettant de supporter l’élément de contenu principal
  4. Ajouter un résumé à la fin de chaque section. Cela permet de faire un premier rappel, pertinent pour lutter contre la courbe de l’oubli

Une fois le fond du contenu — les éléments d’information qui seront transmis — créé, il s’agit de choisir sa forme.

Plusieurs possibilités s’offrent à vous : des “flash cards” aux micro-vidéos, tant que le module est consommable en moins de cinq minutes, vous avez accès à un large éventail d’outils et technologies.

Encore une fois, la clé est de garder l’apprenant au centre du programme. L’objectif est de permettre un accès rapide à l’information.

Peut être que dans le cas d’une connaissance théorique comme des normes ou règles à retenir, des contenus textuels courts avec des éléments de storytelling ou des moyens mnémotechniques permettent une bonne rétention de l’information.

Dans le cas d’une manipulation technique, peut être qu’une série de micro-vidéos permet une meilleure explication.

Dans la mesure du possible, la forme du contenu doit donc s’adapter à son fond et respecter les règles de l’édition de contenu pédagogique. Moins la forme est immersive — comme des flash cards par exemple — plus le story-telling et de petites illustrations permettront aux apprenants de s’engager dans le contenu. Un bon exemple de l’utilisation d’illustration et story telling sur des flash cards est Google Primer, l’application de micro-learning sur le business et le marketing de Google.

Une fois le contenu produit, il ne vous reste plus qu’à le distribuer sur votre LMS ou votre outil micro-learning.

Exemples de scénario d’apprentissage par micro-learning

Le micro-learning est déjà appliqué par de nombreuses entreprises. Voici quelques exemples — non exhaustifs — de l’utilisation faite du micro-learning aujourd’hui.

Amélioration de la connaissance produit

Dans la vente, Ethicon — une filiale de Johnson & Johnson — a utilisé le micro-learning pour améliorer les connaissances produit de plus de 1000 commerciaux.

À la suite de l’opération de formation, l’évaluation de la connaissance produit à augmenté de 49%, amenant une amélioration de la confiance des commerciaux dans leurs opérations.

Formation des nouveaux employés

Berkshire Hathaway Media Group (BH Media) avait besoin d’uniformiser la formation entre ses différentes publications — BH Media gère 30 publications journalière et 70 hebdomadaires.

BH Media a donc mis en place un programme d’onboarding en micro-learning.

Le programme fut un succès, avec 98% des apprenants estimant que le contenu n’était pas seulement utile mais permettait surtout une application immédiate des connaissances disponibles dans les contenus.

Connaissance des processus de fabrication

Le micro-learning a été utilisé par Capital Blue Cross pour enseigner aux employés le processus de fabrication interne.
Les résultats permirent une amélioration de la rétention de l’information de 40% ainsi qu’une réduction des erreurs de 66%, permettant un gain d’efficacité au sein de l’entreprise.

Culture d’entreprise et micro-learning

Walmart et son large réseau de distribution avait pour objectif de créer une meilleure culture de la sécurité au sein de l’entreprise afin de diminuer les risques, accidents du travail et blessures liées à l’activité professionnelle ainsi que tous les coûts qui leur sont liés.

Une simple réduction de 5% des accidents permettrait des économies de plusieurs millions au groupe.

Walmart a travaillé à l’élaboration d’un programme de microlearning non seulement informatif au niveau des bonnes pratiques de sécurité mais aussi avec un fort engagement de manière à conserver la culture de la sécurité au travail dans les esprits au quotidien et réellement influencer la culture de l’entreprise.

La solution était un jeu sur lequel les employés passaient 5 minutes par jour et sur lequel leurs connaissances sur les éléments de sécurité étaient évalués.

Les résultats furent impressionnant : l’engagement était très fort, avec une participation volontaire de plus de 91% avec une baisse de 54% des accidents enregistrés dans les centres de distribution ainsi qu’une augmentation de 15% de la connaissance des employés sur les sujets liés à la sécurité.

Conclusion

Le micro-learning est clairement une modalité en plein essor. D’une manière générale, l’accès plus rapide à l’information et le jugement de la qualité d’une formation par l’expérience utilisateur indique encore une belle marge de progression pour le micro-learning.

Des applications et concepts se développent d’ailleurs pour le grand public comme Blinkist, getAbstract ou encore Koober. Ces applications résument des livres pour rendre les grands axes accessibles en 15 à 20min, en découpant les points clés en fiches consultables en quelques minutes.